Paris, 1881 – Saint-Rémy-de-Provence, 1953
Albert Gleizes, peintre, graveur, illustrateur, auteur, a laissé un oeuvre magistral, et il occupe une place particulièrement importante dans l’histoire de l’art du vingtième siècle. Si sa période cubiste peut apparaître comme étant la plus féconde, il continuera ses recherches jusqu’à la fin de sa vie sans s’écarter de la ligne qu’il s’est fixée. Son apprentissage débute auprès de son père, dessinateur technique. Fondateur de l’Association Ernest Renan, puis du groupe de l’Abbaye de Créteil, il se lie avec Le Fauconnier, Metzinger et Delaunay. Il participe en 1911, dans la fameuse salle 41 du Salon des Indépendants, à la consécration du mouvement cubiste. Il exposera la même année à la Section d’Or et au Salon d’Automne jusqu’en 1914. Démobilisé en 1915, il se rend aux Etats-Unis, Barcelone, Les Bermudes et il oscille dans sa peinture entre l’influence des recherches de Picabia, Duchamp et Blue Reiter. De retour en France en 1919, il sera de plus en plus préoccupé par des questions sociales et intellectuelles, et fondera en 1927 une communauté d’artistes-artisans à Moly-Sabata dans l’Isère. Il se retire alors progressivement du milieu artistique parisien. Dans une démarche de recherche spirituelle, il adhère en 1931 au mouvement Abstraction-Création, car il voyait dans l’abstraction dans l’art un moyen de lutter contre le matérialisme de la pensée. L’année 1934 marquera une étape majeure dans sa recherche sur le dénouement rythmique de la peinture, et, parallèlement à ces préoccupations, la décoration murale constituera une part importante de son travail qu’il expose en 1937 aux côtés de Léger et de Survage. En 1939 il s’installe définitivement à Saint-Rémy-de-Provence, au Mas des Méjades où il crée une communauté d’artistes, se convertit au catholicisme et écrit « l’homme devenu peintre » qui résume l’ensemble de ses recherches. Depuis le début de sa carrière, Albert Gleizes a écrit plusieurs ouvrages théoriques dans lesquels il expose ses préoccupations et ses recherches. Par son ouvrage « Du Cubisme » paru en 1912, il est considéré avec Metzinger comme un précurseur et théoricien du mouvement cubiste. Par la suite il s’intéressera davantage à la composition et à la dynamique qu’à la forme. Il a illustré plusieurs ouvrages notamment les « Pensées de Pascal » en 1950. En 1953, pour la dernière fois de son vivant, il participe à une exposition sur le cubisme organisée par le M.N.A.M.. Ses oeuvres sont présentées dans les plus grand musées du monde et dans les collections les plus importantes.
Femme à la fenêtre
En 1915, Albert Gleizes et sa femme Juliette Roche quittent la France pour la côte est des Etats-Unis. La période américaine d’Albert Gleizes qui s’ouvre alors se révèle extrêmement féconde. A New-York, l’artiste découvre une ville résolument moderne où l’architecture audacieuse, les publicités lumineuses de Broadway et le jazz le conduisent à repenser la question du mouvement en peinture. Au bout de quelques mois, le jeune couple réside à Tarrytown (New-York) dont Gleizes représente à plusieurs reprises une même vue montrant sur le côté gauche le profil de Juliette portant chapeau. La dynamique de l’œuvre ici présente réside dans l’organisation des différents plans en une spirale qui semble aspirer les différents aplats de lavis dans un kaléidoscope de formes géométriques anguleuses. Femme à la fenêtre donnera lieu à assez grande peinture intitulée Tarrytown, aujourd’hui non localisée.