Baigneuses et Arlésiennes
Les femmes d’André Marchand
Musée Estrine – Saint-Rémy-de-Provence
15 février — 8 juin 2025
Le sujet féminin procédant à d’heureuses ablutions (sur une plage, dans le lit d’une rivière ou dans une baignoire) émaille l’histoire de l’art. De la nudité chaste de Suzanne et les Vieillards chez Rubens, en passant par l’exubérance charnelle de François Boucher et l’exotisme factice du Bain turc d’Ingres jusqu’aux nus puissants des Grandes Baigneuses de Cézanne, un glissement s’opère à travers cette histoire des représentations, du sacré vers le profane avec un érotisme croissant.
André Marchand (Aix-en-Provence, 1907 – Arles, 1997) est démobilisé en 1940. Le traumatisme vécu du conflit armé aura pour effet de voir disparaître le sujet masculin dans son œuvre peint. Ce sont désormais exclusivement les femmes qui occuperont l’œuvre d’André Marchand.
En 2023, le musée Estrine proposait déjà une immersion dans l’œuvre du peintre par le prisme des mondes antiques. Marchand représentait la Provence à l’image d’une brillante civilisation qu’il empruntait à l’Athènes de Périclès ou à la Babylone d’Alexandre : sous son pinceau, le massif des Alpilles devenait Arcadie, Arles s’érigeait en Rome impériale, l’Arlésienne mutait en Vénus. Dans cet univers peint, les rivages du Rhône, de la Camargue et de la Méditerranée servent de décor aux multiples baigneuses callipyges d’André Marchand, dont les corps sont irradiés de lumière, solaire ou lunaire. Ces baigneuses, au gré des toiles, incarnent tour à tour Sainte-Marthe domestiquant la Tarasque, Astarté la déesse cananéenne du sexe et de l’amour ou encore, parmi les mortels, Françoise Gilot, muse platonique de Marchand.
Mises à l’honneur dans la programmation du musée Estrine, les femmes sont ainsi représentées dans cet accrochage printanier des collections par les baigneuses et Arlésiennes d’André Marchand.